Mon home studio – schéma de principe

Mon home studio – schéma de principe

Schéma setup home studio Boris Foucaud

Cliquez ici pour voir le schéma en grand…

 

 

Comment lire ce synopsis ?

Les éléments du home studio sont reliés entre eux :

  • Par des traits noirs et rouges : connections audio droite et gauche numérotées selon les blocs : en bleu les entrées, en rouge les sorties
  • Par des traits verts : connections MIDI In et Out/Thru
  • Par un double-trait bleu : connection MIDI USB
  • Par un trait violet : Ethernet
  • En marron, les alimentations électriques

Matériel

  • Séquenceur, sampleur : Akai MPC Live 2 (firmware 2.8)
  • Clavier-maître, synthé, sampleur : Korg Kronos 2 88
  • Synthé : Roland Integra 7
  • Synthé : Yamaha Motif XS Rack
  • Effet : processeur TC Electronic M350
  • Effet : AVID Eleven Rack
  • Console : Behringer X32 Rack
  • Mastering / PEQ : Behringer Ultracurve Pro deq2496
  • Power supply : AdamHall PCL 10 Pro
  • Gestion flux MIDI : MIDI Solutions Quadra Merge / MIDI Solutions Quadra Thru
  • Micros : Shure SM58
  • Monitoring : casque Beyerdynamic DT770Pro 80Ω / enceintes actives Presonus Eris E8
  • Enregistrement DAT : Zoom L12
  • Post prod : Izotope Ozone 8 sur PC

Parti pris n°1 : optimiser l’espace (nécessité triviale mais majeure)

Tout d’abord, l’économie de place ! En région parisienne, le mètre carré est rare. Mon home studio fait donc, au sol, la surface du Korg Kronos 88. Tous les blocs sont en racks 19 pouces empilés, et le Kronos est à moitié posé sur le meuble de racks. De cette manière, sans compter les enceintes qui sont entreposées empilées, la surface exacte du home studio au sol est de  0,54 m². 0,61 m² avec les enceintes entreposées empilées ! C’est donc optimisé. C’était une contrainte idiote, mais primordiale.

J’ai donc construit un meuble en bois avec du médium épais, qui me permet d’entreposer les racks ainsi :

Meuble racks 19'

Le seul petit ennui, c’est l’accès difficile aux données des racks où on doit se pencher ou s’asseoir par terre pour la configuration. Mais bon, avec des racks, c’est toujours le cas. Quand j’aurai de la place, je travaillerai sur l’ergonomie.

Parti pris n°2 : pas de PC ou presque !

Un clavier de piano plutôt qu’un clavier d’ordi ! La souris est dératisée ! Non, c’est surtout que je suis devant un écran toute la journée, et que quand je veux faire de la musique, je veux mettre quelques boutons sur “ON” et que ça fonctionne tout de suite. Le hardware peut tomber en panne (que le Dieu de la musique m’en préserve), mais il ne plante pratiquement jamais. Pas de souci de mises à jour qui foirent. Pas de données corrompues. Pas de virus (arf…) Pas d’upcell qui oblige à acheter un élément, et puis un autre et un autre pour que ça fonctionne comme on l’escomptait.

J’utilise mon PC uniquement pour trois tâches :

  • Piloter de manière plus ergonomique ma console X32 qui tient dans une boîte à chaussure (j’y reviendrai, c’est un petit miracle !)
  • Faire de derniers ajustements de mastering avec Izotope Ozone 8 – mais tout a été énormément dégrossi avant et c’est surtout la mise à niveau dynamique – sans compression – que j’utilise alors
  • Gérer la distribution des morceaux sur SoundCloud et animer ce présent site et les réseaux sociaux liés.

Parti pris n°3 : utilisation intensive du Korg Kronos en maître + Akai MPC Live 2

L’utilisation du Korg Kronos en workstation standalone ?

Sinon, pas de Cubase, de Cakewalk, d’Ableton ou consorts. Le maître, c’est le Kronos. Aucune latence. Aucune prise de tronche concernant le dialogue avec les autres éléments. C’est du vrai plug&play comme on en rêve la nuit !!! Seulement, on se heurte à quelques limitations qu’il faut connaître et apprendre à gérer :

  • Des limitations en polyphonie qui font qu’un Kronos seul arrive à ses limites s’il n’est pas épaulé par d’autres synthés. Cela paraît dur à croire, puisque chacun de ses 9 moteurs possède ses limitations. Mais certaines sont vite atteintes.
  • Pas de possibilité d’envoyer des SysEx MIDI explicitement : le Kronos n’a pas prévu cette possibilité, et c’est parfois bien embêtant lorsque notamment un signal est envoyé via un même canal MIDI à deux éléments, de manière involontaire.
  • La limitation du séquenceur en 16 pistes MIDI, et 16 pistes AUDIO. Mais bon, de fait, on arrive vite à prendre cette contrainte comme un moyen d’optimisation de la structure du morceau. En gros, ça ne peut pas être le bordel, il ne peut pas y en avoir partout. Si on dépasse, on doit enregistrer le MIDI surnuméraire en audio et le synchroniser avec la séquence, ce qui permet de libérer ensuite les pistes enregistrées pour un autre usage. Cela n’arrive pas souvent, et on peut aussi faire de l’overdub avec l’enregistreur numérique qui possède 12 entrées…
  • Le Kronos, à l’inverse de l’Oasys, ne possède pas de piano roll. Cette fonction essentielle est ce qui me manque le plus pour modifier finement certaines notes dans une piste MIDI. Il faut utiliser un système très artisanal note par note, et faire de savants calculs de temps puisque chaque temps est divisée en 1/480e. Donc, par exemple, en 4/4, une noire se cale sur les clics 1, 120,280 et 360. C’est facile, mais un peu moins pour des triolets de noire, des quintolets, ou si un accord est constitué d’une superposition de six notes… C’est le plus pénible et de loin.

Dépasser les limitations du Kronos par un Akai MPC

Donc, pour pallier les manques du Kronos, j’ai choisi de séquencer et de synchroniser tout le setup avec une machine dédiée – qui n’est pas un PC, l’Akai MPC Live 2. Plusieurs raisons et avantages :

  • Une ergonomie proche d’Ableton, mais là encore en total plug&play. Attention toutefois : pour mes besoins, le firmware 2.8 est nécessaire (fonctions en MIDI multi et non plus en omni)
  • Aucune latence
  • Une synchro immédiate sur l’horloge du MPC pour tout le setup
  • Par la multiplicité des ports MIDI (2×2 en DIN, 2 disponibles en USB sans utiliser de THRU), cela me permet de regagner totalement toute la multitimbralité de chaque élément. Le Kronos ne peut pas gérer ces aspects de routages MIDI complexes. Ainsi, avec Kronos + Motif + Integra, je me retrouve avec 3×16 voies MIDI qui peuvent de surcroît être mises en layers ou non, plus les sons du MPC lui-même, le tout étant gérable de manière totalement indépendante. Et encore une fois, aucune latence même pour des séquences complexes qui mettaient le Kronos en difficulté (notes stolen insupportables voire rares plantages). NB : ceci peut arriver sur des tempos très rapides, avec des drums + percu denses, et des sons de side gourmands en accords fournis, notamment en utilisant les sons de pianos acoustiques ‘German’ qui exigent beaucoup de streaming, et avec des leads qui demandent beaucoup de calcul, notamment à cause des automations. Le MPC permet de dispatcher toutes ces charges sur chacun des éléments du setup, ce qui fait une grosse différence !… De plus, le port midi USB déleste le merger et amenuise encore une latence potentielle.
  • Pour ceux qui auraient besoin de plus de ports, par exemple pour piloter des racks d’effets, Le MPC X est encore plus fourni. Attention cependant : je n’ai pour le moment pas réussi à appeler certains control codes qui sont ‘exotiques’ (propres à une machine en particulier). Et l’action directe sur la machine en question pendant un enregistrement en midi IN ne donne parfois aucun résultat. Il existe des parades. Mais cette situation n’est ni plus ni moins pire qu’en utilisant le séquenceur du Kronos. Je ne suis même pas certain de pouvoir résoudre ces cas avec une DAW traditionnelle. Dans ce cas, il faut ‘finasser’. Si cela vous intéresse concernant l’Integra ou le Motif, par exemple pour changer le routage audio en temps réel, contactez-moi : il existe des astuces pas très élégantes sur le papier, mais qui fonctionnent très bien, en passant par le paramétrage a priori (et non en temps réel) des studio sets…

Ne plus chercher MIDI à 14 heures (hihihi !)

  • Avec le MPC, on dispose donc de 256 pistes MIDI et 8 pistes audio stéréo (2×8 dans les faits), à comparer avec les 16 pistes de chaque pour le séquenceur du Kronos. Il est toujours possible de synchroniser les pistes audio du Kronos en plus de celles du MPC, de qui offre un set de 16 pistes audio stéréo (16×2) en tout. Plus que confortable !
  • Un applicatif très ergonomique sur un écran tactile de dernière génération, sans commune mesure avec l’ergonomie du Kronos, comprenant également un piano roll qui change la vie quand on fait des musiques un peu compliquées. De même, le séquenceur step by step est un modèle du genre.
  • Un séquenceur utilisé au choix comme linéaire ou loop. Je préfère bien sûr l’approche linéaire. D’ailleurs, il ne faut pas se fier aux apparences : sur tous les tutos Youtube, on voit des mecs qui font des boucles sur des séquences de 4 mesures, comme si le MPC était une machine exclusivement conçue pour cela et pour faire de la musique électro ou à motifs répétitifs / circulaires. Mais il faut savoir que chaque séquence est limitée à 999 mesures, et que le MPC est donc bel et bien un séquenceur linéaire. Il est également possible de chaîner les séquences pour créer un song. C’est dire si on n’est pas prêt de trouver des limitations sur ce sujet. Je pense qu’Akai communique de cette manière pour cibler avant tout un public de musiciens électro, mais l’utilisation du MPC est très versatile et large. (On l’aura compris : je suis fan !…)

Alors, PC ou pas PC ?

Le MPC n’est pas donné. MAIS : si on compare son prix d’achat (1100 € en juin 2020) avec un PC suffisamment puissant pour ne pas laguer + Ableton, par exemple ($1000 + $350), on s’y retrouve dans le sens où le MPC ne fait qu’une chose, mais le fait parfaitement bien. Pas de prise de tête durant des heures pour les configurations MIDI qui m’ont demandé 15 secondes en tout et pour tout. Je ne suis peut-être pas doué, mais synchroniser un Kronos avec une DAW a toujours été pour moi une véritable torture, avec la moitié des fonctions qui manquent, une latence impossible malgré un PC de gamer, etc… Y ajouter des machines aussi complexes qu’un Integra ou un Motif, et c’est la prise de chou assurée. Encore une fois, je ne veux pas faire d’informatique quand je fais de la musique. Au moins, dans cette configuration avec le MPC, on met sur on et c’est prêt à jouer. Pas de milliers de VST à intégrer, à paramétrer, à fiabiliser, tout est prêt à emploi et je trouve cela inestimable.

Enfin, l’ergonomie est visiblement conçue par des musiciens, et non par des ingénieurs… Cette DAW standalone est en effet autrement ergonomique que sur un PC. Du moins, chacun ses goûts, mais tout de même, dans l’action, une opération qui demande sur un PC plusieurs clics n’exige souvent ici qu’un seul petit geste. Vite et bien… surtout quand on continue à jouer de l’autre main (impossible avec un PC) !

Parti pris n°4 : une orientation sons jazz à 200 %

Je n’ai aucun synthé purement analogique, ce qui est le fruit d’un choix guidé par le type de musique que je joue. Au pire, ces synthés sont très bien émulés. Mais les sons jazz sont souvent assez clairs, audibles, dynamiques, sonores. Je n’explore pas les grosses sub-basses avec des compressions en sidechains qui pompent, ou des procédés comme ceux-ci. Non par  dédain, mais parce que ça sort du genre. On peut tout de même faire de l’expérimentation, mais c’est une question personnelle, je suis plus à l’aise avec des machines numériques : j’ai appris la synthèse sur un Roland D10 et un MT32, puis sur un DX7-IIS.

En revanche, les Line IN du Kronos permettent un traitement intégral des voix, pour moi via deux micros Shure SM58, et cela permet beaucoup de choses très intéressantes : traitement par effets, sampling, Vocoder et même triggers vocaux pour des émulateurs de synthés analogiques (MS20-EX par exemple).

Bref, je me suis dit qu’avec ces technos Kronos + Roland Integra-7 qui est juste un musée de toute l’histoire Roland + Yamaha Motif XS qui est une sorte d’aboutissement de la synthèse FM, je pouvais avoir à peu près toutes les palettes de teintes disponibles, ce qui n’est pas loin d’être le cas. Pour ce que je fais, c’est nettement plus qu’il ne m’en faut. D’autant que je n’ai pas nécessairement une attitude de chercheur en sons. Je suis curieux, c’est certain, mais je vais avoir tendance à façonner un son par rapport à un thème, un besoin en lead ou en chorus sur quelque chose de déjà structuré, plutôt que l’inverse : je ne crée pas de banque de sons que je ressortirai un jour selon les contextes. Ce sont les contextes qui me font créer des sons si besoin.

Parti pris n°5 : toute la chaîne de traitement du signal jusqu’au mastering

C’est dommage de passer des jours sur un morceau pour un enregistrement médiocre au son merdique. Je pense qu’aujourd’hui, le home studio, c’est comme l’autoédition en écriture : on doit être capable de s’occuper de toute la chaîne de production. Le souci, c’est que c’est un véritable métier, même si le son de base d’un instrument électroacoustique ne pose pas tous les problèmes de captation de véritables instruments acoustiques comme une batterie ou un piano. Je me suis équipé en matériel dont j’étais certain que je pourrais le maîtriser assez pour apprendre. J’ai testé beaucoup de solutions, y compris sur PC. C’est sans doute une question d’âge et d’expérience, mais là encore, la version hardware me semble simplifier les choses. Aucune option inutile, mais en revanche des fonctions approfondies et extrêmement précises…

En fait, un PC me semble être comme un couteau suisse : il peut tout faire. Mais pour couper un arbre, une tronçonneuse est bien plus efficace, même si elle n’ouvre pas une boîte de sardines… J’évoquerai cela à nouveau ultérieurement.

Behringer : fiabilité réelle pour certains matériels

Notamment, le Behringer Ultracurve est un outil magnifique pour enregistrer un signal quasi définitif, remplissant toutes les gammes de fréquence de manière distincte, parfaitement spatialisée, dans le meilleur rapport signal-bruit. Behringer a une mauvaise réputation, mais après recherche et discussions avec des passionnés, certains systèmes sont réputés fiables, comme cet Ultracruve qui embarque aussi compresseur, expanseur, EQ paramétrique, etc., mais aussi comme la console X32.

Je rappelle que cette console digitale embarque une électronique Midas, donc très fiable, et que ses points de faiblesse – les potards motorisés – ne concernent donc pas la version rack. L’ergonomie en est assez incompréhensible. Mais via un câble ethernet, le rack peut être relié à un PC et à une appli dédiée, qui rend le maniement de tout le système simple comme bonjour. De ce fait, avec un peu de pratique, on finit par corréler les actions sur le PC et leurs répercussions sur l’écran du Rack, et donc par posséder le workfow. De mon point de vue, le X32 est juste une machine extraordinaire. Une telle puissance dans un si petit boîtier, c’était encore inimaginable il y a 15 ans. Je conseille donc fortement ce matériel pour ceux qui cherchent une solution fiable, très intégrée et qui ne fera pas faux bond, y compris sur scène à ce que j’en ai compris.

À noter la possibilité pour chaque canal d’utiliser un EQ paramétrique, un compresseur et une quinzaine d’émulateurs d’effets vintage qui sont, une fois n’est pas coutume, de très bonne qualité.

TC Electronic : même combat

Enfin, je fais passer le signal par un processeur d’effets TC Electronic M350 juste avant l’enregistrement. Là encore, cette marque a, à juste titre, sinistre réputation de fiabilité. Concernant le M350, il embarque la même électronique d’effets que les modèles plus onéreux et complexes, mais une interface très simple de potards physiques conçus pour être utilisés y compris sur scène : ils sont très solides. Le format du rack, très mince en profondeur, favorise l’écoulement de l’air – cas les autres versions chauffent et détestent ça. Résultat : un très bon son pour une fiabilité reconnue sur ce modèle. Je m’en sert quasiment toujours sur le même preset pour élargir le son : je trouve la tessiture de la réverb et du chorus très réussie, mais il faut y aller avec parcimonie.

Je ne dis pas qu’un jour, je ne passerai pas par une réverb Eventide Space, dont le son est encore plus beau. Nous verrons cela.

Solution d’enregistrement numérique

Pour l’enregistrement, j’utilise un Zoom L12 qui, du coup, est un peu surdimensionné du point de vue du nombre d’entrées (puisque le son est entièrement traité en master sur deux canaux). Mais j’utilise ce Zoom pour d’autres applications qui nécessitent plus d’entrées, donc tout va bien.

Dernier mastering

En dernier ressort, Izotope Ozone 8 me permet simplement d’ajouter la dynamique ou la légère petite couleur qui manquerait éventuellement. Mais c’est par acquit de conscience.

Conclusion : le bon home studio, c’est celui qui plaît à son musicien !…

En fait, un bon home studio, c’est un home studio qui colle à ce qu’on veut en faire et qui s’adapte à son musicien ! C’est pourquoi mes solutions ne sont pas du tout universelles, sembleront décalées à certains, carrément bizarres à d’autres. Dans tous les cas, à moi, ce système me semble très homogène et il répond à mes besoins 🙂

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