Portia – notes

Numérique !

L’un des albums qui a marqué l’histoire de la musique, concernant le son – je veux dire le son physique, l’acoustique – est sans doute Tutu de Miles Davis. Il date de décembre 1986, et c’est l’un des tous premiers à être enregistré et masterisé à l’aide du numérique. Tutu est d’ailleurs paru en CD, le support étant lancé peu de temps auparavant, en 1982. On se souvient de cette espèce de froideur digitale sans souffle, qui rendait les disques connus aussi parfaits que, parfois, désincarnés. Depuis, la prise de son entièrement numérique a fait des progrès. Dans ces années 80, on remasterisait souvent des prises analogiques (il y avait une mention “AAD” ou “ADD” sur les pochettes de CD), mais rares étaient les disques “DDD”. Tutu en était un, et il avait été conçu pour, sous la houlette du compositeur et bassiste Marcus Miller.

Miles était en effet pour la première fois passé chez Warner, étant en procès avec Columbia records. J’imagine que les studios n’étaient pas les mêmes. Dans tous les cas, ce son parfait, en jazz, était une véritable nouveauté. On entendait le son des lèvres de Miles sur l’embouchure, les doigts de Marcus sur le fil de ses cordes, etc. Et le background synthétique utilisait les plus improbables machines de l’époque, Fairlight, Emu… Bref, cette perfection du son avait sans doute été le fruit d’énormément d’attention et de réflexions.

Une approche phrygienne de l’Espagne…

Dans tout cet album, un morceau m’a toujours marqué, c’est Portia. Il joue avec un son hispanisant et un véritable battement cardiaque à 75 à la noire. Son titre provient du nom de l’héroïne du Marchand de Venise de Shakespeare. C’est un morceau en mode phrygien ou mode de mi (I IIb IIIm IV V VIb VII7). Ce mode est idéal pour détoner par exemple en Fm7 ou en D#7, mais sans trop dissoner. Pour moi, cet ostinato à deux accords est l’un des morceaux qui sonne le mieux de toute la production de Marcus Miller, et Dieu sait si le bonhomme a produit des morceaux qui sonnent bien !

Le morceau original :

Bien sûr, il est hors de question de comparer avec ma toute petite version… Je voulais juste rendre un hommage, et m’améliorer en mode de mi qui, pour un clavier, est le plus difficile à apprivoiser après le mode de si (“locrien”).

Lien vers le morceau

 

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