Piano jazz partie 11 : Chick Corea

Chick Corea

 

Chick Corea : l’autre boss du piano jazz contemporain

Chick Corea est l’autre petit génie du piano jazz contemporain. Il possède quelques points communs avec Herbie Hancock. Issu d’une famille de musiciens mi-sicilienne, mi-espagnole, il apprend le piano dès 4 ans. Il sera très tôt influencé par la musique latina, y compris dans ses premiers groupes où il jouera avec Herbie Mann ou Mongo Santamaria dans les années 60. Cette influence ne le quittera jamais.

Mais comme Herbie Hancock, c’est en rencontrant Miles Davis en pleine période jazz rock qu’il va découvrir l’avant-garde. Chick Corea remplacera Hancock et figurera dans des albums emblématiques de Miles Davis (Filles de Kilimanjaro, IN a Silent Way, Bitches Brew…) Il joue déjà, lui aussi, sur le piano électrique Fender Rhodes, et s’inspire du compositeur expérimental Stockhausen dans sa conformation sonore. D’autres influences ne le quitteront pas, entre Bartók, Ravel, ou les musiciens espagnols comme Manuel de Falla.

Quand Chick Corea trace sa route…

À la suite de l’aventure avec Miles Davis, Chick Corea crée son propre orchestre, Return to Forever, qui va réintégrer l’esprit fusion notamment avec le jazz latino. Dans les années 70 à 76, il va rencontrer le grand bassiste Stanley Clarke et expérimenter de manière paradoxale autant la lutherie électronique que le piano très classique, dans une fusion des genre rendant un son très complexe, sophistiqué, parfois avant-gardiste, souvent modal, montrant une dextérité peut-être encore jamais atteinte en piano jazz. L’un des albums clefs sera sans doute Romantic Warrior en 1977. Un autre sera My Spanish Heart, avec Jean-Luc Ponty au violon.

La suite est connue : le paradoxe jazz classique / jazz fusion est résolu avec la naissance parallèle de deux groupes constitués des mêmes musiciens, Akoustic Band d’un côté, Elekrtic Band de l’autre. Chick Corea retournera aussi aux sources de la musique classique – après des voyages d’étude en Europe – en publiant de la musique pour quatuors à cordes.

Dès lors, Corea, c’est un concentré de l’histoire du jazz à lui tout seul. Il conforme le clavier dans cette optique où il étudie l’avant(garde, la fusion, le retour au jazz acoustique et la musique classique de front. Chacune de ces contrées nourrit les trois autres. Cela donne l’un des musiciens les plus complets et les plus érudits de l’histoire du jazz. Sa technique pianistique protéiforme est ahurissante, tout comme le nombre de directions envisagé.

Chick Corea a montré que le piano jazz contemporain était désormais intégré dans toutes les musiques, et que la fusion était une nécessité pianistique majeure. Autant pour l’inventivité que pour l’enrichissement. Ceci a considérablement complexifié l’approche de l’instrument, tout en bannissant ses derniers carcans.

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