Encore un morceau de 1989 !
Tout comme Charlotte Loukoum, Le Funk est un morceau que j’ai écrit en 1989-1990 avec mon groupe d’infernaux amis. Je me souviens que le point final a dû être mis… dans mon garage ! Pour l’occasion, tous les voisins venaient voir ce qui se passait, car nous jouions un peu fort par rapport au calme un peu tiède habituel de mon quartier.
Roland vintage inside
Comme pour Charlotte Loukoum, je jouais encore à l’époque sur un Roland D10. Celui-ci avait, tout comme le D50, une pêche tout-à-fait inédite concernant les sons de cuivres (‘brass’), qui n’étaient pas du tout réalistes, mais qui sortaient du cadre des sons ressemblant à l’analogique. Et de ce fait, ces sons étaient très bons utilisés dans le funk, le latino ou la fusion. Pour les chorus, je splittais le clavier — Roland proposant de mémoire parmi les premiers synthés abordables à pouvoir soit splitter, soit jouer en layers deux sons superposés (mode ‘dual’).
Ce qui m’a amusé en 2020 a été de retrouver scrupuleusement les sons d’époque. Avec le Korg Kronos, ce n’aurait pas été si facile, même si on peut assez aisément émuler la synthèse PCM des D10-D20-D50. Mais grâce au Roland Integra 7 (voir mon article sur mon matériel), c’est un jeu d’enfant que de retrouver exactement ces sons parfois carrément mythiques. Donc, je voulais regagner cette texture, ce grain qui est chaud, rond, brillant, cuivré. Agréable comme un bon bain chaud.
Et le duo basse-batterie ?
Je me suis réellement inspiré des pratiques de mes camarades de l’époque. C’est d’ailleurs incroyable, la mémoire auditive : je me souviens très précisément de ce qu’ils faisaient, et il a donc été simple de reproduire leur expression. Bien sûr, je ne suis pas certain que le feeling soit celui d’un humain, mais j’ai essayé de respecter le fait que ça groove tout de même. J’ai notamment “léché” le chorus de basse, que j’ai décidé de faire synthétiquement et non pas avec ma vraie Jazz Bass, parce que je voulais quelque chose de très précis. Même si c’est moins joli que du vrai slap. Encore une fois, il ne s’agit pas d’imiter des instruments réels, mais de rendre leur expression et leur dynamique, ce qui est déjà beaucoup.
Ce morceau reste l’un de mes meilleurs souvenirs de jeunesse, car ce fut pratiquement le premier qui a bien sonné en live : notre groupe Charlotte Loukoum est devenu un vrai groupe à ce moment-là. Quand j’y pense, j’ai vraiment eu une jeunesse géniale grâce à tout cela !… Refaire Le Funk m’a un peu replongé là-dedans, sans faire l’ancien combattant bien sûr, mais c’était spécialement un bon moment.