Korg, Yamaha ou Roland ?…

Korg, Yamaha ou Roland ?…

Choix de synthé

Alors ? Korg ? Yamaha ? Roland ? Ou Kurzweil ? Nord ? Solaris ? OU encore Dave Smith Oberheim ? Prophet ?

Une chose m’énerve au plus haut point et, que diable, je vais m’en expliquer avec un plaisir teinté de véhémence.

Choisis ta chapelle, ô hérétique !

Quand on parcourt des forums de musiciens – parfois à la limite de geeks, d’ailleurs – comme celui-ci, qui sincèrement est mon préféré, et qu’on recherche de la prescription pour acheter du clavier, on tombe… sur des chapelles.

Bon, oui, d’accord, soit, certes, l’écoute est subjective et c’est tant mieux.

Néanmoins, comment oser prétendre que seul Yamaha fait de bons sons de piano ? Mais non, c’est Kurzweil qui surnage. Mais non, Machin, c’est Nord ! Et Roland, ça sonne boxy. Ouais bah Korg c’est survendu. Et ceci à longueur et à longueur de forums.

Sus à l’orthodoxie !

Mais oh là, oulà, eh, ho ! Ces batailles de chapelles ne signifient strictement rien du tout.

Pourquoi ?….

  • Une techno ne peut pas résumer un son. Certains sons de Kronos d’origine sont d’immondes merdes inutilisables. Cela peut faire penser que le Kronos est mauvais en cuivres, en guitares, etc. Mais le Kronos peut produire des sons de cuivres ‘parfaits’ au sens physique du terme (en comparant ce son avec un son naturel grâce à un oscillo par exemple) en achetant, par exemple, la bonne librairie. Ou en étant très doué en prog.
  • Le son le plus ‘objectivement parfait’ ne signifie rien si on n’est pas capable de l’utiliser en lui donnant les expressions qui conviennent. C’est ce travail de musicien qui fait toute la différence, et non le son en lui-même.
  • Un son écouté seul peut paraître sublime, mais intégré au milieu d’un ensemble, on a beau tout faire, il ne sonne pas. Sauf que selon le compositeur, le musicien, le genre de musique, ce son qui ne sonne pas du tout chez moi va sonner du feu de Dieu chez le voisin… Question de toucher, de contexte, d’harmonies, d’arrangements, de tessitures sonores des autres instruments, etc.
  • Le mastering peut faire d’un son objectivement peu appétissant un petit chef d’oeuvre, ou d’un son de brute un timbre tout éteint et tout anodin.

Oulà, y a plein de facteurs (de piano –> lol) !

Ainsi, juger un son, et donc une techno, et donc une marque, est avant tout multifactoriel. Cela dépend d’une multitude de paramètres dont vous êtes le héros.

Exemple : le Yamaha Motif XS est carrément plébiscité sur Internet, souvent par ceux qui émettent des réserves sur les synthés Roland. Et puis les commerciaux qui s’y collent possèdent parfaitement leur instrument, ce qui le rend (trop facilement) sexy – et ils cachent le traitement du son monstrueux entre le synthé tout nu et ce que vous entendez… Il en va de même pour les morceaux de démo intégrés, toujours magnifiques mais impossibles à reproduire sans une usine à gaz derrière (et tout un orchestre de vrais musiciens et de chanteurs pour Korg…)

Pour autant, me concernant, j’ai bien du mal à faire sonner le Motif qui, dans mon ensemble, paraît vert, criard, étouffé, gros sabots, machine. Fin comme du gros sel ! Et pourtant le monde entier le révère comme un modèle de finesse, de puissance, de divinité, amen. Surtout après 12 ans de bons et loyaux services, c’est vous dire s’il est bon, comme ultime référence absolue ultra top.

Ceci provient du fait d’une part que j’ai mis longtemps à entendre son grain propre et à savoir où le placer dans ma propre masse musicale. Alors que j’avais un DX7IIS il y a 20 ans, et que je connais donc très bien les typicités de la synthèse FM, même si depuis, le Motif a un tout petit peu progressé depuis le DX… Il reste tout de même un petit air de famille, et heureusement !

Dans contexte, il y a…

Et d’autre part, on a toujours tendance à vouloir en mettre plein partout. Mais en fait, si on est capable de débarrasser un synthé de ses tartines d’effets d’usine, et d’en placer les sons ‘classiques’ dans un ensemble bien construit (en lead, en side, en rythmique), c’est là qu’on peut s’apercevoir de son grain et de sa pertinence par rapport à ses propres projets. Et c’est après, aussi, qu’on peut s’en évader en créant des choses inédites, en tirant le meilleur parti de ses spécificités sonores et de ses capacités propres.

Dans cet ordre d’idées, en ce qui me concerne moi et moi seul, dans mon propre contexte, je confirme que le Motif est difficile à placer entre le Kronos qui bouffe l’espace sonore très vite et le Roland qui possède des sons chauds et très chargés en harmoniques. L’utilisation du Motif m’oblige à le reconfigurer entièrement pour qu’il sonne enfin.

MAIS en revanche, une fois reconfiguré, il sonne comme seul lui peut le faire : il n’est alors ni un sous-Korg, ni un sur-Roland. Il est lui-même !

Le meilleur prescripteur, c’est soi-même !

Donc, conclusion les p’tits loups : la lecture des forums, des avis, des magazines, l’écoute attentive des arguments des vendeurs, c’est très cool. Cela permet de comprendre à quelle machine on a affaire. Viser les vidéos YouTube aussi, c’est utile pour tester les possibilités techniques d’un synthé.

Mais pour acheter, il faut essayer. Et par ‘essayer’, je ne veux pas seulement dire ‘jouer une demi-heure sur un clavier chez votre crèmerie préférée’. Car un essai sans contexte ne donne qu’une idée approximative de ce que vous pourrez tirer, ou non, de la machine que vous convoitez.

L’idéal, c’est un essai intégré dans votre set. Comme ceci est difficilement réalisable sauf chez un pote qui a une machine comme celle que vous voulez tester, je vous conseille de composer une play-list spécialement à cette occasion d’essai, pour mettre la machine dans votre situation de lead, de side ou de rythmique. N’importe quel vendeur sérieux vous permettra de faire ce test, surtout si vous vous décidez pour une machine à 1500 ou à 2500 boules, ou même plus… Et c’est bien ainsi que vous saurez certainement si votre achat sera le bon ou non !

Du caractère : just be yourself !

Et vous verrez que votre avis aura le droit de diverger, parfois catégoriquement, des forums, des voix majoritaires, et surtout, surtout, des chapelles.

Vous voulez une confidence ? Ô hérésie ultime, à tarif égal, si c’était à refaire, je troquerais le Motif XS contre un second Roland Integra-7 identique au premier ! Idiot ? Non pas du tout : polyphonie très étendue, et superpositions de sons (layers) sur différents canaux justement sans perte de polyphonie : un bon calcul par rapport à ma musique. À terme, je le ferai peut-être. Mais avant, je veux encore explorer le Motif, même s’il me donne du fil à retordre – encore une fois, dans MON contexte. Parce que dans mon contexte, il est aussi attachant qu’atta-chiant aussi.

Bref, Korg, Roland, Yamaha, Kurzwell, on s’en fout. Un bon synthé, c’est un synthé qui correspond à votre jeu et à votre projet musical. Toute autre considération, c’est du blabla 🙂

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