Forts des nombreux héritages décrits dans les parties précédentes, les pianistes et claviéristes ont débordé d’imagination pour intégrer les trouvailles de leurs prédécesseurs au sein de leur propre inventivité. En est issu un véritable bouillonnement, dont le piano est l’un des instruments les plus sollicités.
Il est impossible de dresser la liste exhaustive de tous les grands pianistes ou claviéristes de l’ère fusion, d’autant que celle-ci est toujours en cours ! Le florilège suivant est donc simplement superficiellement représentatif, et chacune de ces grandes figures mérite un bel approfondissement, ainsi sans doute que bien d’autres.
On se rappellera que la fusion, c’est la fusion du jazz (souvent modal) avec d’autres cultures musicales : rock, funk, latino, hard bop, free, musique ‘classique’ (baroque, romantique, impressionniste, sérielle, dodécaphonique……), folkorique russe, américaine, blues… Il n’y a ici aucune limite théorique sinon celles de l’imagination et du bon goût. L’avantage du piano sur d’autres instruments réside dans sa propension à faciliter la conception d’arrangements ou de modes / structures / canevas inédits. Il est plus simple de composer au piano qu’à la trompette. Pour autant, le piano fusion et les claviers électroniques connaissent pratiquement autant d’avatars que de musiciens. Cette ébouriffante diversité, cette richesse, sauvent le jazz de toute redite, de toute circularité, de tout épuisement.
Car finalement, au bout du compte, depuis toujours, le jazz est une musique qui tente d’englober toutes les autres. Aujourd’hui, il ne s’agit que d’un revival assumé de son ADN.