Apprendre à écouter du jazz (fusion) : partie 6 – Jazz contemporain(s)

Le foisonnement du jazz contemporain

Cette dernière partie va de ce fait être consacrée aux héritage des grandes tendances fondatrices rencontrées dans les parties précédentes, jusqu’au jazz contemporain.

Comme il est impossible de prétendre à être exhaustif en la matière, j’ai choisi des jalons importants, qui représentent de grandes familles de sons, mais c’est maintenant à vous d’aller fouiner, fouiller, farfouiller, ne pas laisser un seul caillou intourné sous toute la surface du web, de YouTube à Deezer en passant par SoundCloud. Aujourd’hui, on a la chance de tout trouver en quelques clics. Profitons-en !!!

Et puis Cocorico ! Il y a là plusieurs groupes français de réputation mondiale ! Comme celui d’hadrien Feraud, Sixun… Il y en a beaucoup d’autres que vous pouvez aller visiter, comme Érik Truffaz, Médéric Collignon, Georges Arvanitas, Louis Winsberg, Dominique Di Piazza, et tant et tant d’autres !

Objectif : trouver la musique de votre vie, un peu comme un Meetic du Jazz fusion, pour rencontre et plus si affinité : c’est vrai qu’une fois le bon virus contracté, celui-ci, on le garde toute sa vie et il nous accompagne partout, scandant chaque étape, se chevillant à chaque souvenir. Bref : un virus qui guérit de toutes les autres saloperies qui en ce moment pourrissent la vie de centaines de millions de gens.

Principe de la petite encyclopédie partie 6 pour comprendre le jazz contemporain

Voici donc un choix des principales tendances qui constituent l’essence du jazz contemporain. Vous pouvez ne pas du tout être sensible à certaines, et vibrer profondément avec d’autres. Il existe tellement de familles de jazz qui cohabitent qu’il est sans doute impossible que vous ne trouviez pas la vôtre.

Vous remarquerez les traits constitutifs communs suivants :

  • Musique modale avec de grandes plages improvisées
  • Grande recherche de la tension musicale avec une utilisation ample de l’espace sonore et la prédominance de l’invention
  • Structures conçues pour de la composition ‘en direct’ et simultanée entre les musiciens, grande écoute entre les instrumentistes et adaptation immédiate au discours du lead
  • Traitement du thème et des improvisations moins strict qu’en jazz classique, avec parfois une frontière mince entre thème et chorus
  • Structure parfois complexe, présentant beaucoup de thèmes qui s’emboîtent sans thème principal, comme une impro collective
  • Prédominance du rythme, y compris binaire, mais toujours complexe, qui structure tout le système sonore
  • Très grande attention sur l’occupation de l’espace sonore, avec le moins de chevauchement de fréquences possible (ex : une guitare rythmique ne surdétermine jamais un clavier rythmique lorsque les deux jouent simultanément)
  • Musique s’appuyant sur des leaders charismatiques, mais ces derniers n’étouffent jamais les autres musiciens : la musique est construite par eux, mais rarement pour eux
  • Invention forte concernant le son, et donc l’intégration des nouvelles technologies du temps : synthèse analogique, synthèse digitale, sampling, traitements en post-production, jeux avec les amplis, instruments électro-acoustiques qui génèrent des techniques instrumentales propres (par exemple, le clavinet)
  • Intégration spécifique de certains instruments à l’encontre de leur fonction traditionnelle (basse, claviers lead, utilisation spécifique de différents éléments de batterie ou de percussions…)
  • Recherche de l’originalité et de l’inédit
  • Recherche du réarrangement de morceaux plus anciens, qui deviennent de fait des œuvres nouvelles (approche très spécifique à l’ADN du jazz)

Comment écouter ces morceaux de jazz contemporains ?

Si vous êtes novi ce et si vous êtes passé par les parties précédentes de cette petite encyclopédie, tous ces morceaux vous sembleront de plus en plus ‘naturels’ à entendre. Vous allez les ressentir, même si vous ne pouvez expliquer pourquoi vous ressentez telle ou telle atmosphère ou ambiance. C’est l’unique chose qui compte.

N’hésitez pas à vous laisser une plage calme d’écoute, sans smartphone, sans mails, sans chien qui vous demande de le sortir pour aller dehors (et je sais de quoi je parle !…) Laissez-vous une demi-heure rien qu’à vous pour écouter, avec un volume sonore suffisant – assez fort, mais que cela reste tout de même agréable !

Si vous utilisez une chaîne HiFi ou un système permettant de paramétrer un équalizer, ne poussez pas trop les basses pour que les médiums et les aigus restent audibles. L’homogénéité du tout est très importante !

Et puis si vous arrivez à écouter, et à aimer le dernier morceau de cette liste, Ginare de Michael Brecker, c’est que définitivement, vous aimez le jazz fusion 🙂

Art Spike Schloemer : Concussion in TransFusion
Niveau de difficulté d’écoute : 4.5/5


Hadrien Feraud : Natural in Hadrien Feraud
Niveau de difficulté d’écoute : 2.5/5


Steps Ahead : Sumo in Magnetic
Difficulté d’écoute : 2.5/5


Tribal Tech : The Big Wave in Illicit
Difficulté d’écoute : 3/5


Sixun : Raggalibo in Lunatic Taxi
Difficulté d’écoute : 3/5


Herbie Hancock : 4 AM in Mr Hands
Difficulté d’écoute : 2/5


Chick Corea, Elektric Band : Tale of Daring in Inside Out
Difficulté d’écoute : 4/5


Chick Corea, Steve Vai : The Rumble in The Songs Of West Side Story
Difficulté d’écoute : 3.5/5


Pat Metheny : Imaginary Day in Imaginary Day
Difficulté d’écoute : 1.5/5


Steve Bailey, Victor Wooten : To Serve Man in Bass Extremes, a Cook Book
Difficulté d’écoute : 2.5/5


Brand X : Earth Danse in Masques
Difficulté d’écoute : 2.5/5


Et pour finir, donc, le test ultime : allez-vous avoir envie de réécouter le morceau suivant, allez-vous ressentir quelque chose de spécial, de fort, voire l’apprécier ? Si oui, vous êtes mordu ! Bienvenue dans le monde du jazz fusion !

Michael Brecker & UMO Jazz Orchestra : Ginare in Live in Helsinki, 1995
Difficulté d’écoute : 3.5/5


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