C’est quoi un arrangement ?

Voici une petite illustration par l’exemple.

Je vous laisse réécouter “Till The World Ends” de Britney Spears, signé du 21 décembre 2012, une date symbolique et j’aime les symboles (premier jour de l’hiver, Saint-Jean d’hiver, plus longue nuit de l’année, et… jour de mon anniv).

Je vous laisse juger de la lecture de l’apocalypse de Britney, je me tiendrai coi.

Face à l’original, voici un arrangement d’un jeune bassiste et arrangeur new-yorkais qui a fréquenté quelques belles écoles de jazz. Il est encore tout jeune, mais il a de l’avenir, ce garçon qui se nomme Adam Neely.

Alors, le visuel mis à part, quelle est la version que vous préférez, l’originale ou l’arrangée ?

L’arrangement : le suc de toute composition

On a beau dire, mais l’arrangement, c’est le suc de toute composition, voire parfois de toute décomposition – pour mieux recomposer ensuite.

Dans la catégorie, on a le respect de l’esprit original.

On marche ensemble vers un morceau ultra célèbre ? Mais oui, “Come Together” des Beatles. Une chanson passionnante de petits scarabées. Elle est écrite par Lennon en 1969 et paraît sur leur dernier album Abbey Road.

Vous connaissez peut-être l’histoire de cet élu californien, Timothy Leary, qui militait pour la paix et l’usage du LSD. À cette époque, en 68/69, Lennon et sa gentille Yoko militent pour la paix eux aussi, y compris en pyjama.

De ce fait, Lennon demande à Leary s’il peut aider à faire quelque chose pour lui. Ce dernier lui demande de composer une chanson qui reprend son slogan électoral au poste de gouverneur de Californie, qui est “Come together, join the party” (rejoignez le parti ou la fiesta, c’est selon, man).

Lennon fait une démo, la passe à Leary, mais pépère pense que cette chanson est désormais la sienne et il la fait jouer sur toutes les radios alternatives de Californie comme outil d’autopromotion !

Ceci dit, ce qui est marrant, c’est qu’entre cette démo et la version définitive, parachevée en studio, les deux n’ont plus grand-chose à voir. Quant aux paroles définitives, elles ne veulent à peu près rien dire sinon concernant le refrain qui dit vaguement “come together” 🙂

La consécration aussi par les interprétations réarrangées

Come Together va recevoir la consécration aux USA, 1er au hit-parade, et en Europe (340 000 singles vendus en France). Pendant ce temps, notre ami Leary va se retrouver under arrest ’cause he’s the best, pour possession de chichon. Il découvrira donc la version finale de la chanson derrière une grille au fond d’une geôle, bien fâché par la métamorphose apportée à “sa” chanson : Lennon ne l’a pas consulté, le pauvre petit cœur, avant d’éditer la version définitive. On prétend que Leary lui aurait envoyé une lettre de déception un tantinet acerbe, peut-être à cause d’une redescente trop rude, et qu’il aurait reçu en échange un message peace and love 😀

Voici donc l’original.

Un peu plus tard, un certain Michael Jackson, qui avait participé à l’album de Paul Mc Cartney Pipes of Peace, (les “pipes de la paix” en français, ou les calumets, selon la tournure de votre esprit plus ou moins subversif), rachète les droits des Beatles pour l’amour de l’art. Bonne pioche, d’ailleurs. Ce qui lui donne toutes les prérogatives pour rendre hommage à Come Together. On remarquera qu’il s’agit bien d’un hommage, car dans le fond du problème, l’esprit de la chanson n’est absolument pas tronqué. On est ici dans un arrangement un peu plus moderne et funky, mais qui ne révolutionne pas, comme Garibaldi, la Sardaigne. Simplement, Michael endosse le costume de Lennon. Peut-être un vieux rêve secret…

D’autres ne s’en sont pas contentés. On sait que Come Together est architecturé autour d’un célèbre riff de basse qui fait tout son charme, mais que les paroles sont cons. Dans cette optique, voici ce qui est un vrai réarrangement, avec décomposition et recomposition. Marcus Miller aux manettes…

Anecdote vécue : Miller se servait de cette chanson pour ses rappels, et son batteur Poogie Bell disait alors invariablement “Fuck the rock, shit !” pendant tout le morceau 😉

Et vous, quelle est la version que vous préférez ? 🙂

La reprise et la réflexion sur l’arrangement, ADN du jazz. Et ailleurs ?…

Une avant-dernière partie d’arrangements. Pour prouver que je ne suis pas jazzo-obsessionnel, intéressons-nous à mon groupe de métal préféré, j’ai nommé Iron Maiden.

Je le dis avec un peu de tristesse non feinte, je n’ai pas trouvé de réarrangement concluant de mon morceau préféré entre tous, “The Rime of the ancient mariner” avec les paroles du poète Coleridge. Ceci pour asséner aussi aux vieux barbons que non, le métal n’est pas une musique d’incultes.

C’est dit.

En revanche, j’ai trouvé des réarrangements effectués par le groupe lui-même de certains de leurs grands standards, et je pense qu’ils ne sont pas très connus. Qui démontrent, comme si cela était nécessaire mais seulement pour les sceptiques, que oui, les musiciens de métal ne sont ni des brutes sanguinaires, ni des sourds gothiques, ni des manchots. Loin de là…

Partons de The Trooper, un morceau paru dans Peace of Mind en 1983.

Bon, est-ce une musique réarrangeable, et selon quel angle ?

Eh bien oui, et plutôt deux fois qu’une !

(Bon, ici, les images sont aussi illustratives et ne sont pas synchros avec la musique).

Dans le même ordre idées, pour ceux qui connaissent The Number of the beast (1982 [1]) :

Alors, encore une fois, quelles versions préférez-vous ?…

Notes de bas de page

[1] Iron Maiden – The Number of the Beast

Boris Foucaud

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