J’ai connu ce morceau très spécial en écoutant l’original, interprété par le groupe de Miles Davis de 1968 avec Wayne Shorter au sax (compositeur), Herbie Hancock au piano, Ron Carter à la basse et Tony Williams. Dans son autobiographie, Miles Davis considère ce groupe comme l’un des meilleurs de sa longue vie de musicien. Sans doute à raison !
La version originale, c’est cela :
On voit que la structure de morceau est beaucoup plus complexe qu’elle en a l’air.
Ici, on envisage davantage la complexité de la grille. Le son est extrêmement modal et est résolu avec un peu de violence (entre le lead de Pastorius ébouriffant et les accords extrêmes de Zawinul, pendant que Shorter imperturbable enchaîne le thème encore et encore). On comprend que c’est un morceau qui n’a pas réellement besoin plus que de son thème pour exister. Construire un chorus dessus est un réel problème.
J’ai décidé, pour le chorus, de jouer sur deux modes successifs, un mode en mineur 7, un second demi-diminué un demi-ton au-dessous, qui alternent toutes les mesures. Ils finissent par se superposer en un seul polyaccord assez complexe, qui ressemble à une gamme demi-ton-ton, à savoir, pour ceux qui aiment, une gamme à huit notes dont les cinq premières sont altérées (I, b9, #9, 3, #11) et les trois dernières mixolydiennes (V, VI, VII7).
Je sais que tout cet aspect des choses est compliqué et peut rebuter parfois, mais cela fait partie de la recherche du son. Je pense que je ferai des tutoriels dans ce blog si le temps ne me manque pas, et que je montrerai les choses comme mon prof Alain me l’a appris : sans aridité et permettant une appropriation immédiate.